Mer ou montagne ? Fromage ou dessert ? Technologie subie ou progrès partagé ?
Le choix peut sembler trivial, mais derrière cette question se cache un véritable enjeu de société.
Aujourd’hui, les territoires et collectivités locales font face à une décision cruciale :
- S’engager dans une transition écologique et économique durable, où la technologie est un levier au service du bien-être collectif.
- Suivre un modèle économique productiviste et dérégulé, mis en avant par certaines puissances internationales, privilégiant la croissance à court terme au détriment des ressources et du lien social.
L’élection du nouveau président américain, avec une approche résolument nationaliste, protectionniste et productiviste, illustre un retour en force d’un modèle fondé sur la puissance économique immédiate, la dérégulation et l’exploitation intensive des ressources. Cette vision peut sembler à nouveau séduisante, mais entre en contradiction profonde avec les principes d’une transition territoriale désormais bien ancrée dans l’état d’esprit et les attentes de l’immense majorité des Français et des européens, mais aussi la prise en compte des limites planétaires. A ce titre, le référendum du 9 février de la Suisse de voter pour ou contre « Une économie responsable respectant les limités planétaires » (lire à ce sujet le billet de Thimotée Parrique ) semble marquer un tournant dans la prise de conscience des territoires sur un possible changement de paradigme.
Chez Cambium Stratégie, nous sommes convaincus que ce changement ne doit pas être subi, mais construit collectivement, en anticipant les défis et en saisissant les opportunités qu’offre cette transformation. Cette évolution ne peut se limiter à des ajustements techniques ou réglementaires : elle suppose une révision en profondeur de nos modes de production, de consommation et de gouvernance.
Mais un tel tournant ne va pas sans difficultés. Comment garantir une transition socialement juste ? Comment éviter un choc économique pour les acteurs locaux ? Comment articuler cette démarche avec les cadres institutionnels en place ? Ces interrogations doivent être posées dès le départ, afin d’apporter des réponses adaptées et des outils de pilotage progressifs.
Mais revenons aux choix qui s’offrent à nous.
Deux visions opposées du développement: Trumpisme vs Transition Territoriale
La vision Trumpienne: une réponse « simpliste » aux préoccupations sociales ET économiques
L’approche du nouveau président américain repose sur quatre axes majeurs, qui peuvent sembler séduisants mais présentent de nombreuses limites :
- Protectionnisme économique et relocalisation industrielle forcée
→ Objectif : Ramener les industries sur le sol national par des barrières douanières et des subventions massives.
→ Limite : selon les experts, ce modèle peut provoquer une inflation importante, une augmentation du coût des biens et un affaiblissement des économies interconnectées. - Dérégulation et croissance économique à tout prix
→ Objectif : Réduire les contraintes environnementales et sociales pour booster la production et l’investissement.
→ Limite : Une exploitation accrue des ressources naturelles, une hausse des émissions de CO₂ et un creusement inévitable des inégalités sociales. - Réduction du rôle de l’État et affaiblissement des institutions internationales
→ Objectif : Redonner un pouvoir économique et décisionnel aux entreprises et limiter les engagements multilatéraux.
→ Limite : Cela aggrave la fragmentation sociale, renforce le pouvoir des grandes entreprises et affaiblit les mécanismes de solidarité collective. - Une vision à court terme centrée sur la performance économique immédiate
→ Objectif : Maximiser les gains économiques rapides, sans intégrer les coûts sociaux et environnementaux.
→ Limite : Ce modèle ne prépare en aucune façon les territoires aux défis futurs (changement climatique, crises énergétiques, inégalités croissantes).
👉 Pourquoi ce modèle ne pourrait pas fonctionner en France ?
Contrairement aux États-Unis, la France repose sur un modèle économique mixte qui intègre un État régulateur, une forte protection sociale et des politiques publiques territorialisées. L’application d’un modèle inspiré du trumpisme risquerait donc de fragiliser les acquis sociaux, de creuser les fractures territoriales et d’accentuer la dépendance énergétique et industrielle.
La transition territoriale : Un modèle de développement durable et équilibré
Face aux limites du modèle trumpien, la transition territoriale propose une approche plus systémique et résiliente. Parce qu’ils ne sont pas seulement confrontés à des crises environnementales, les territoires doivent aussi gérer des enjeux économiques et sociaux interconnectés. Une inertie face à ces défis et tous les risques induits risquent d’accentuer les inégalités et de fragiliser l’économie locale. À l’inverse, une transition proactive offre de nouvelles opportunités pour un développement plus équilibré et plus résilient. Pourquoi, car elle permet notamment de :
✔ Préserver l’environnement et les ressources locales
- La surexploitation des sols, la pollution et la perte de biodiversité fragilisent l’économie des territoires (agriculture, tourisme, qualité de vie).
- Un territoire qui anticipe ces changements évite des coûts futurs bien plus élevés en matière de réparation et d’adaptation. Lire à ce sujet les résultats d’un étude qui démontre le cout induit du changement climatique sur l’économie)
✔ Redynamiser l’économie locale en diversifiant les activités
- La transition ouvre la voie à des modèles économiques alternatifs, comme la création de chaînes de valeur territoriales : économie circulaire, low-tech, circuits courts, énergies renouvelables.
- Attirer des investisseurs responsables et révéler des talents en valorisant des pratiques innovantes et soutenables, mais aussi des savoir-faire artisanaux.
✔ Renforcer la cohésion sociale et la démocratie locale
- Le changement de paradigme doit être inclusif, impliquant les habitants et les acteurs économiques dans des décisions collectives.
- Une meilleure coopération entre collectivités, entreprises et citoyens permet de réduire les tensions et de partager les bénéfices du changement.
✔ Réduire la vulnérabilité énergétique et alimentaire
- Les territoires sont aujourd’hui dépendants de ressources extérieures, ce qui les expose aux crises économiques et géopolitiques.
- Relocaliser la production énergétique et alimentaire renforce l’autonomie et la résilience face aux chocs.
✔ Répondre aux nouvelles attentes citoyennes
- Les habitants et les entreprises sont de plus en plus en demande d’un cadre de vie durable et de services en cohérence avec les enjeux environnementaux et sociaux.
👉 Pourquoi ce modèle est mieux adapté à la France ?
Ce modèle permet aux territoires de rester compétitifs tout en intégrant les préoccupations sociales et environnementales. Il s’appuie sur une dynamique de coopération et d’innovation locale plutôt que sur des rapports de force commerciaux et géopolitiques.
Depuis la création de CAMBIUM, j’ai eu l’occasion d’échanger de façon très constructive, avec des élus, des DGS, des techniciens et développeurs pour identifier les freins qui rendent la transition difficile et comprendre les résistances pour pouvoir construire des stratégies adaptées.
Mais bien sûr, une transformation territoriale ne se décrète pas. Elle se construit pas à pas.
Dépasser les résistances et mettre en œuvre la transition territoriale
Un changement de paradigme ne peut réussir sans une prise de conscience des freins et une structuration claire des étapes à franchir.
Anticiper les résistances et objections
❌ « Ce modèle va freiner la croissance et appauvrir les territoires »
➡ Réponse : Il ne s’agit pas de freiner la croissance, mais de la réorienter vers des modèles plus résilients et moins dépendants des fluctuations mondiales.
❌ « Cela va coûter trop cher aux collectivités »
➡ Réponse : L’inaction coûtera encore plus cher à long terme (infrastructures à rénover, crises énergétiques, précarité sociale). Il existe des mécanismes de financement innovants (fonds européens, obligations vertes, fiscalité différenciée).
❌ « Le public ne suivra pas, trop d’habitudes à changer »
➡ Réponse : L’implication citoyenne dès le début est essentielle : pédagogie, participation et expérimentation locale sont les clés d’une acceptation progressive. Il est crucial de créer un récit commun et partagé pour donner du sens à cette transition.
Les 5 étapes clés pour une meilleure robustesse territoriale
✅ Élaborer un diagnostic territorial
📊 Mesurer les vulnérabilités et atouts spécifiques du territoire (empreinte carbone, économie locale, services publics).
📍 Identifier les opportunités d’action à court et moyen terme.
✅ Co-construire une vision collective
🗣 Associer citoyens, entreprises et collectivités dans un processus participatif.
📝 Définir des priorités stratégiques et fixer des objectifs mesurables.
✅ Déployer des projets pilotes
🔬 Tester des initiatives sur des périmètres restreints avant un déploiement massif.
💡 Capitaliser sur les retours d’expérience pour affiner les modèles.
✅ Mobiliser des financements adaptés
💰 Identifier les aides disponibles (européennes, nationales, privées).
🔄 Mettre en place des outils de mutualisation financière entre acteurs locaux.
✅ Mettre en place un suivi rigoureux
📊 Utiliser des indicateurs de transition (BNB, empreinte écologique, inclusion sociale).
📢 Communiquer régulièrement pour assurer transparence et implication citoyenne.
Conclusion: le rôle central des collectivités dans cette transition
Les collectivités territoriales sont les leviers les plus puissants pour structurer ce changement. Contrairement à une vision trumpienne qui privilégie la compétition économique et la centralisation des décisions, le modèle de transition territoriale repose sur l’autonomie locale, la coopération et l’innovation partagée.
Avec Cambium Stratégie, nous accompagnons les territoires dans cette mutation, en intégrant les données, l’IA et la co-construction participative pour garantir une transition efficace, réaliste et durable.
L’enjeu aujourd’hui n’est plus de savoir « si » nous devons changer, mais « comment » nous le faisons de manière efficace et collective.
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